D’où viennent les noms des plantes?

D’où viennent les noms des plantes?

En 2007, la communauté botanique célèbre le 300e anniversaire du père de la nomenclature moderne des noms des plantes, Carl Linné (1707-1778) . En effet, en 1735, il publiait un ouvrage majeur, Systema Naturae , une classification du monde vivant, et en 1753, Species plantarum , son ouvrage sur les fondements de la nomenclature binomiale. Son oeuvre sera essentiellement dans l’invention d’un véritable langage international de dénomination des plantes, qui touchera aussi le domaine des animaux.

La passion de la botanique

Élevé dans la religion luthérienne, Carl Linné était promis à la carrière de pasteur. Accompagné d’une foi immense et d’un profond respect pour la création divine, c’est pourtant en médecine qu’il entreprend des études. Mais c’est la botanique qui le passionne. À cette époque, un médecin était aussi apothicaire et devait connaître les plantes et leurs vertus pour fabriquer des remèdes.

Avide de connaître et curieux d’explorer les moindres mystères des végétaux, il parcourt son pays, la Suède, et ramasse de nombreuses plantes, dont plusieurs ne sont pas identifiées ou reconnues. Il les baptise et son idée de classifier les plantes prend forme.

Rapidement, il met sur pied des expéditions et envoie ses étudiants parcourir les campagnes à la recherche de plantes à nommer et, surtout, à classer selon son nouveau système. Car même si les plantes avaient déjà un nom, qu’on appelle «vernaculaire», c’est-à -dire un nom commun typique à une région, une même plante pouvait être nommée différemment dans une autre région, d’où le besoin urgent de faire du ménage. Comme exemple, citons l’églantier commun; avant les travaux de Linné, il s’appelait Rosa sylvestris inodora seu canina ou encore Rosa sylvestris alba cum rubore, folio glabro . Sans en perdre son latin, on peut comprendre que le nom devenait presque une description! Linné mit un terme à tout ça, en nommant ce rosier Rosa canina , point à la ligne. Il désirait que le nom indique les caractéristiques de la plante, comme dans Achillea millefolium , l’achillée millefeuille, ou encore qu’il précise son milieu de vie, comme dans Armeria maritima pour le gazon d’Espagne, qui pousse naturellement le long de la mer. Lorsque vous notez un «L» à la fin du nom d’une plante, vous saurez que c’est Linné lui-même qui l’a baptisée. Son oeuvre lui apporta la gloire et la reconnaissance, et son nom fut donné au tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) , «linden» en anglais qui provient de «linn» en suédois; cet arbre poussait en abondance sur la propriété familiale des von Linneus.

Aujourd’hui, le système binominal de Linné est encore utilisé. Toutes les plantes sont classées par famille (p. ex., les Acéracées) et reçoivent un nom de genre (Acer) , un nom d’espèce (sacchararum) et selon le cas, un nom de sous-espèce (ssp. nigrum) , nom scientifique de l’érable à sucre dont le dessus des feuilles est pubescent (Acer saccharum ssp. nigrum) . Les plantes d’origine horticole, c’est-à -dire créées par le travail des hybrideurs – la grande majorité des plantes de jardin –, portent aussi un nom de genre et d’espèce faisant référence à la plante qui a servi de parent, mais reçoivent aussi un nom de variété, par exemple la grande marguerite ‘Becky’se nomme Leucanthemum x superbum ‘Becky’. Les noms scientifiques s’écrivent toujours en latin et les noms de variétés sont toujours entre guillemets (‘…’) simples . Le «x» indique qu’il s’agit d’un hybride d’origine horticole .

Ce système de nomination du monde végétal est universel, donc reconnu partout à travers le monde. Les noms vernaculaires sont en général dans la langue parlée d’un pays, il peut donc exister une foule de noms communs pour une même plante. Le système de Linné a permis de donner un seul nom officiel par plante et d’éviter ainsi toute confusion. Le latin était à l’époque la langue de communication des scientifiques et le demeure de nos jours, pour les mêmes raisons de compréhension universelle.

Cependant, avec les nouvelles méthodes génétiques d’identification des plantes (par l’étude des chromosomes) , les scientifiques en renomment régulièrement. Par exemple, le genre Leucanthemum s’est longtemps appelé Chrysanthemum . Dans les catalogue, on trouve encore la grande marguerite ‘Becky’sous le nom Chrysanthemum maximum ‘Becky’. Attention! Si vous pensez acquérir une nouvelle marguerite, vous serez déçu. C’est pour cette raison que dans les bonnes revues de jardinage, comme fleurs, Plantes et Jardins , vous trouvez toujours les deux noms susceptibles d’être utilisés par les grainetiers, les pépiniéristes et les commerçants. Pour vous y retrouver, prenez l’habitude de noter le nom latin de vos nouvelles acquisitions. C’est une excellente façon de les retenir.