Facile de ramasser ses semences!

D’année en année, en sélectionnant les semences de nos plants les plus vigoureux, les plus en santé et exempts d’insectes et de maladies, on participe à l’élaboration de plants qui sont parfaitement adaptés à notre environnement. C’est comme si on aidait la nature…

Que peut-on récolter?

Il faut bien l’admettre, ça ne vaut pas le coup de récolter les semences de toutes les plantes de notre jardin. On écarte d’emblée toutes les variétés hybrides, c’est-à -dire les plantes qui sont obtenues par le croisement de deux variétés et qui sont identifiées comme telles sur l’étiquette. Certains hybrides ne produisent pas de graines viables ou, lorsqu’ils en produisent, cela donne des plantes qui n’ont rien de comparable avec le plant initial. Ainsi, des semences prélevées sur un plant d’impatientes à fleurs doubles roses peuvent donner des impatientes à fleurs simples roses ou blanches.

On privilégie plutôt les plantes autofécondes, celles dont les fleurs peuvent recevoir leur propre pollen (pour le savoir, on consulte des ouvrages de référence) . Les plantes issues des semences récoltées sont toujours similaires au plant mère puisqu’il n’y a pas eu de «contamination» par le pollen d’une autre plante. Par contre, il existe moins de plantes autofécondes que de plantes à pollinisation croisée. Voici quelques plantes autofécondes dont on peut recueillir les semences .

Plantes à fleurs

Clarkia, lupin, muflier, pois de senteur.

Plantes potagères

Aubergine, dolique, haricot, laitue, piment, pois mange-tout, poivron, pomme de terre, tomate.

La pollinisation croisée

On peut aussi s’amuser à croiser des plantes dont les fleurs peuvent être fertilisées par le pollen d’autres plantes du même genre, puis en ramasser les semences .

Au moment où la plante débute sa période de pollinisation (quand les fleurs s’ouvrent) , on se substitue à l’abeille et on pollinise la plante à la main. Pour ce faire, on utilise un petit pinceau que l’on passe sur les étamines d’une fleur pour les déposer ensuite sur le pistil d’une autre fleur Mais, pour que l’opération réussisse, il faut empêcher que le pollen d’autres plantes soit déposé par le vent ou les insectes sur la plante que l’on veut polliniser. Si on possède un grand terrain, on peut espacer les différents cultivars afin qu’il n’y ait pas de recoupement. Mais cette distance varie beaucoup d’une plante à l’autre, selon le parcours effectué par le pollen . Pour les laitues, par exemple, on recommande un espacement de 4 à 5 m, alors que, pour les haricots et les pois, on parle plutôt d’une distance de 50 m.

On peut aussi utiliser une barrière physique, par exemple un sac de papier brun qu’on dépose sur la fleur avant que la pollinisation débute On retire le sac lorsque la fleur se fane et que le fruit commence à se former. Les plantes à pollinisation croisée qui suivent se prêtent bien à la récolte des semences .

Plantes à fleurs

Alyssum, aster, astilbe, campanule, capucine, centaurée, cléome, cosmos, digitale, gaillarde, gloire du matin, lavatère, monarde, nicotine, pavot, pétunia, phlox, pourpier, sauge, tournesol, zinnia.

Plantes potagères

Betterave, brocoli, carotte, céleri, chou, citrouille, concombre, courge, épinard, melon, radis.

Quand peut-on récolter?

Le moment de la cueillette des semences est primordial. Trop tôt, les graines ne seront pas assez développées pour germer ; trop tard, elles auront commencé à pourrir, ou encore elles seront tombées au sol. De façon générale, les graines des plantes à fleurs sont prêtes à être récoltées quelques semaines après la fanaison des fleurs . À ce moment-là, les graines sont sèches et brunâtres. Quant aux fruits et légumes du potager, comme les tomates et les concombres, on cueille leurs semences environ une ou deux semaines après le moment où on les aurait normalement cueillis pour les consommer. Ils ont alors atteint leur pleine maturité et sont très mûrs.

On récolte lors d’une journée ensoleillée dès que la rosée du matin s’est évaporée, afin d’éviter qu’une trop grande humidité ne fasse pourrir les semences pendant la période de conservation.

Comment récolter les semences… … des plantes à fleurs

Couper les fleurs à l’aide d’un sécateur

Déposer les tiges dans un sac en papier brun et attendre que les semences se libèrent, ou bien suspendre les tiges, la tête en bas, au-dessus d’un papier journal ou d’un plateau

Débarrasser ensuite les graines de tout débris. Pour nettoyer les petites graines, les mettre dans une passoire fine ou les déposer sur une feuille de papier et souffler délicatement sur le dessus. Les débris les plus légers s’envoleront et ne resteront plus que les semences .

Laisser ensuite sécher les semences sur un papier journal ou un essuie-tout pendant une période de 8 à 12 jours, pour les petites semences, celles des ancolies par exemple, et de 15 à 18 jours, pour les grosses semences, comme celles des haricots.

… des plantes potagères

Couper les légumes en deux.

À l’aide d’une petite cuillère, retirer les semences, puis les déposer dans un grand bol rempli d’eau pour enlever la pulpe. Rincer les semences .

Laisser sécher les semences sur un papier journal ou un essuie-tout pendant une ou deux semaines jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de trace d’humidité.

Prélever les semences des légumes dont les fruits sont en gousse (haricots, pois, etc.) directement au jardin lorsque les gousses ont bruni et qu’on peut entendre le bruit des semences en les brassant.

Si les semences tombent au sol

Dans le cas des plantes dont les semences tombent rapidement au sol, comme les géraniums et les euphorbes, il vaut mieux installer un sac en papier brun directement sur le plant pour recueillir les graines .

Des trucs pour conserver nos semences

Une fois nos semences bien nettoyées et séchées, on les dépose dans des contenants hermétiques : pot en verre avec couvercle, contenant à pilules ou à film vide, etc. On identifie soigneusement les contenants avec le nom de la plante et la date de la récolte. Si on veut que nos semences soient viables, il faut les conserver dans un endroit sombre, frais (sans fluctuation de température) et à l’abri de l’humidité et du gel. Un réfrigérateur ou une cave fraîche sont tout à fait indiqués. La viabilité des semences varie d’une espèce à l’autre, mais les semences se conservent en moyenne pendant trois ans.

Nos semences sont-elles bonnes?

Pour le savoir, on leur fait passer un test de germination maison. On dépose une dizaine de graines sur un essuie-tout humide qu’on roule sur lui-même et qu’on glisse dans un sac de plastique. On vérifie régulièrement l’état des graines, si plus de sept graines germent, cela signifie qu’elles sont bonnes. On peut les semer en pleine terre .

Et les bisannuelles?

Certaines plantes ne fleurissent qu’à la deuxième année de leur croissance. C’est le cas de la rose trémière, de la monnaie du pape, de la digitale pourpre, de la molène, du myosotis, de la carotte, de l’oignon et du persil. On laisse les semences sur le plant pendant tout l’hiver; l’été suivant, les plants fleuriront et produiront des graines .

Pour plus d’infos

La récolte des semences dans votre potager , dans Le carnet horticole et botanique du site du Jardin botanique de Montréal (www.ville.montreal.qc.ca/jardin) .

Semis , par Daniel Brochard, Hachette Pratique, 2006, 64 p., 8, 95 $.

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