Les cierges d’argent

Du haut de leur imposante stature, ces vivaces herbacées éclairent les parterres et sous-bois ombragés de la mi-été jusqu’aux premières gelées. Parées d’inflorescences blanches ou rosées au parfum souvent enivrant, leurs solides tiges structurent l’espace et y ajoutent une touche architecturale.

Actæa ou Cimicifuga?

Mieux connus sous le nom de Cimicifuga, les cierges d’argent ou cimicaires ont retrouvé depuis peu leur nom latin initial : Actæa. Les tests d’ADN ont bel et bien démontré la parenté que Linné, le célèbre naturaliste, avait jadis établie entre eux et les actées, ces plantes de sous-bois qui fleurissent en mai et juin. Ils en furent par la suite dissociés en raison de leur fructification distincte, puis réintégrés.

Le changement de nom commence à apparaître dans les jardineries. Aussi, lors de votre magasinage, si vous ne les trouvez plus sous la lettre C, jetez un coup d’oeil du côté du A! Quant à l’origine du nom, certains croient que Linné se serait inspiré de la légende grecque d’Actéon, le chasseur dévoré par ses chiens après avoir été transformé en cerf par la déesse Artémis.

Le genre botanique Actæa appartient à la famille des renonculacées qui englobe les renoncules, mais aussi les clématites, les aconits, les pigamons et de nombreuses autres vivaces herbacées. Il se divise en 20 à 30 espèces dont trois sont indigènes au Québec : A. pachypoda, A. rubra et A. rubra f. neglecta.

Toutes sont dotées d’attributs esthétiques qui leur valent une belle place sur les étalages de plantes ornementales de plusieurs jardineries. Les feuilles dentées, composées de folioles trilobées, revêtent des tons de vert ou de pourpre noir plus ou moins foncé selon les espèces et les cultivars . Quant aux fleurs blanches ou rosées, elles sont groupées en petites grappes sphériques chez les actées – suivies de petites baies charnues et colorées – et en longs épis courbés ou dressés chez les cimicaires, qui développent en automne des fruits secs appelés follicules.

Comment les utiliser?

Les actées et les cimicaires poussent naturellement dans les zones tempérées de l’hémisphère nord. Les espèces indigènes forment de petits buissons et conviennent à la naturalisation, mais aussi à la culture en plate-bande dans le jardin de sous-bois. Au moment de la floraison, les cimicaires, généralement beaucoup plus hautes, ajoutent aux aménagements un élément vertical spectaculaire. La beauté de leur feuillage les destine à une utilisation en massif ou derrière des plantes plus basses. Si les cimicaires à floraison estivale dégagent un parfum malodorant, celui des espèces tardives est un atout indéniable. L’arôme suave qui s’en dégage ne laisse personne indifférent. On a donc tout avantage à planter les premières au fond du jardin et les secondes près des allées, de la terrasse ou de la porte patio.

Culture et entretien

Les actées indigènes sont des plantes parfaitement rustiques qui se plaisent à l’ombre des grands arbres dans des sols profonds, fertiles et frais, riches en matière organique . Le soleil direct et la sécheresse prolongée ont un effet néfaste sur le fin feuillage découpé qui présente alors des brûlures disgracieuses. Les cimicaires apprécient des conditions similaires. Cependant, trop d’ombre nuit à la belle coloration pourpre foncé du feuillage de certains cultivars . Ceux-ci devraient donc être plantés à la mi-ombre ou au soleil, à condition que la terre reste toujours humide. La couronne des racines doit être recouverte de 2, 5 à 5 cm de terre . Pour maintenir la richesse du sol, on recommande une généreuse application de compost au-dessus des racines chaque printemps. L’épandage d’une couche modérée de paillis végétal – sarrasin, coco ou cèdre déchiqueté – évite les stress dus à la chaleur.

Insectes et maladies

L’ancien nom latin, Cimicifuga, signifie «chasse-moustiques». Aussi, outre la présence très exceptionnelle de punaises ternes, rares sont les insectes qui s’y intéressent. Les maladies sont également inhabituelles et prennent occasionnellement la forme de rouille brune causée par une mauvaise aération et un excès d’humidité dans le sol. Pour les actées, aucun cas notable d’insectes n’est à signaler. Par contre, il peut arriver qu’un taux d’humidité élevé provoque l’apparition de taches sur les feuilles.

Taille

Actées et cimicaires renouvellent leur feuillage au printemps. Le choix de tailler en automne ou au printemps est laissé à la discrétion du jardinier. Toutefois, nous sommes nombreux à apprécier le spectacle des épis séchés des cimicaires en hiver et à ne rabattre leurs tiges qu’au printemps. Aucune autre taille n’est requise durant la saison estivale, pas même celle des fleurs fanées, à l’exception peut-être des fleurs de l’actée à grappes qui apparaissent en été.

Propagation

lle s’effectue par semis ou par division, de préférence en automne. Comme la croissance est relativement lente, on ne procède par division qu’après plusieurs années. Les plants fraîchement transplantés doivent être gardés au sec pour éviter leur pourriture. On peut aussi diviser les touffes au printemps, à condition d’agir tôt : une fois la terre réchauffée, la croissance reprend vite et le risque d’abîmer les jeunes pousses augmente chaque jour.

Tuteurage

Les tiges fortes des actées et des cimicaires ne requièrent pas de tuteurage. Il peut cependant arriver que les hampes florales qui atteignent plus de 1, 5 mètre aient besoin d’être attachées pour ne pas casser au vent. Heureusement, les plates-bandes ombragées sont généralement mieux protégées des rafales que celles dégagées et pleinement ensoleillées.

Croyances…

On raconte qu’un brin de cimicaire fleuri donne à celui ou celle qui le porte à même la peau le courage nécessaire pour affronter des situations périlleuses. Quant à la racine, on dit qu’elle rend humble.