Les mauvaises herbes en 10 questions

Les herbes qu’on appelle communément mauvaises sont plutôt indésirables, car, au fond, c’est simplement qu’elles poussent à des endroits où on ne les veut pas. Des réponses à vos questions.

Existe-t-il des herbes indésirables toxiques, allergènes ou urticantes?

La petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia) est allergène. Lorsqu’elle fleurit et largue son pollen, cette plante est la principale cause du rhume des foins, qui touche chaque été des milliers de gens. Et pour cause : ses fleurs mâles produisent d’énormes quantités d’un pollen très léger que le vent peut transporter sur plus de 200 km! Cette indésirable doit donc être éliminée sans hésitation. Malheureusement, peu de gens savent la reconnaître à coup sûr et on la confond souvent avec l’herbe à puce.

l’herbe à poux (Artemisia ambrosiifolia) Un truc pour l’identifier; elle possède des feuilles caractéristiques, vert tendre et finement découpées. Cette plante doit être extraite du sol avec un sarcloir avant sa floraison, au début d’août (il n’est pas dangereux de la toucher avec les mains nues) . Même si on la retrouve dans nos jardins, elle a une nette préférence pour les sols pauvres et abandonnés, comme ceux des abords routiers et des terrains vacants.

L’herbe à puce (Toxicodendron radicans) L’herbe à puce (Toxicodendron radicans) est une autre plante qu’on devrait tous pouvoir identifier. Au Canada, on la retrouve sous deux formes : la première est buissonnante et n’atteint que 30 cm de hauteur, l’autre est grimpante. Les feuilles vert tendre et lustrées de l’herbe à puce sont composées de trois folioles ovales à bout pointu qui ressemblent beaucoup à celles de l’érable à Giguère (Acer negundo) . Attention : on ne doit jamais y toucher à mains nues sous peine d’irritations de la peau fort douloureuses. Si nos vêtements ou nos outils ont été en contact avec elle, il est préférable de s’en départir, car son huile irritante, le toxicodendrol, peut persister très longtemps sur les tissus et le bois.

La méthode la plus efficace pour l’éliminer consiste à la recouvrir pendant une année complète d’une épaisse toile de plastique noire, en prenant soin de bien couvrir le sol jusqu’à 2 m autour des plants. Cette technique, appelée solarisation, consiste à utiliser la chaleur du soleil pour brûler les rhizomes et racines des plantes indésirables.

Finalement, il y a l’ortie dioïque (Urtica dioica) , aux propriétés urticantes : lorsqu’on la touche, on ressent aussitôt une vive brûlure . C’est qu’elle est munie de poils dans lesquels se trouvent des glandes remplies d’acide formique. Au contact, l’acide s’écoule, ce qui provoque une irritation de la peau plutôt désagréable. Le seul moyen efficace de se débarrasser de l’ortie dioïque est de mettre des gants épais et de l’extirper du sol à l’aide d’un sarcloir.

Existe-t-il des herbes indésirables utiles?

Ce n’est pas parce qu’une herbe est dite mauvaise qu’elle ne peut pas être utile. On la dit indésirable parce qu’on a décidé que sa présence n’était pas souhaitée dans nos jardins. Pourtant, plusieurs herbes indésirables ont des vertus étonnantes. Ainsi, les feuilles du pissenlit (Taraxacum officinale) et du chou gras (Chenopodium album) sont comestibles et délicieuses en salade.

Chou gras (Chenopodium album) La prêle (Equisetum arvense) , pour sa part, constitue un excellent fongicide qui prévient la fonte des semis . Pour fabriquer un fongicide naturel à partir de cette plante, on en fait une décoction : on fait bouillir 100 g de prêle séchée dans 5 L d’eau pendant une dizaine de minutes, on laisse infuser pendant 12 heures et on vaporise directement sur nos semis .

La prêle (Equisetum arvense)

Comment éliminer les herbes indésirables de nos plates-bandes?

Lorsque le sol d’une plate-bande est nu, il est essentiel d’éradiquer régulièrement les herbes indésirables en faisant un sarclage, pour éviter qu’elles ne supplantent nos végétaux ornementaux. On enlève les herbes indésirables dès leur apparition, on n’attend surtout pas qu’elles forment des semences .

Les principaux outils pour sarcler sont la binette, munie d’une lame conique, et le sarcloir, constitué de trois dents pointues et recourbées. Tous deux peuvent être munis d’un manche long ou court. La binette permet de pénétrer aisément sous la surface du sol et de soulever les herbes indésirables.

Malheureusement, il arrive fréquemment qu’on ne l’enfonce pas suffisamment en profondeur dans la terre et qu’on coupe les racines des herbes à éliminer (ce qui leur permet de repousser) . On évite ce genre de problème avec le sarcloir, qui permet presque à coup sûr d’extraire les herbes indésirables sans sectionner leurs racines.

Comment éliminer les herbes indésirables de la pelouse ?

La pelouse est un milieu fragile facilement envahi par les herbes indésirables. Plutôt que de s’engager dans une lutte sans fin, mieux vaut être tolérant et accepter que notre gazon soit parsemé de 10 à 15 % d’herbes indésirables. En revanche, si plus de 40 % de sa superficie est envahie par les herbes indésirables, il ne reste plus qu’à tout recommencer en implantant une nouvelle pelouse, par semis ou placage. Si on désire tout de même éliminer quelques pissenlits, plutôt que d’utiliser des herbicides néfastes pour notre environnement et notre santé, on les enlève à la main en utilisant un outil spécialement conçu à cette fin et en s’assurant d’enlever une longueur maximale de racine.

Grand plantain (Plantago major) Certains centres de jardinage vendent ou louent maintenant des outils mécaniques qui arrachent les pissenlits à la simple pression d’une gâchette. Les autres plantes qui envahissent le gazon s’extirpent pour la plupart assez aisément avec une truelle de plantation très étroite. On peut également brûler certaines jeunes herbes indésirables avec un brûleur au propane.

Comment se débarrasser d’une herbe indésirable envahissante comme le chiendent ou la prêle?

Si on est à préparer une nouvelle plate-bande et que celle-ci est couverte par une herbe vorace et envahissante comme le chiendent (Agropyron repens) , la prêle des champs (Equisetum arvense) ou la renouée japonaise (Fallopia japonica) , il est essentiel de tout faire pour s’en débarrasser définitivement. Pour éliminer ces indésirables, on évite toutefois le rotoculteur, car il entraîne bien souvent leur multiplication effrénée. On en extrait plutôt un maximum à l’aide d’une pelle et on installe ensuite, pour étouffer ces plantes à jamais, une membrane de plastique noir sur la partie infestée afin de solariser les rhizomes et racines toujours présents dans le sol.

Lorsque ces herbes indésirables envahissent une plate-bande déjà plantée de végétaux, on n’a d’autre choix que d’en éliminer le plus possible à la main et de recouvrir le sol avec une membrane géotextile non tissée. Cette membrane, trouée aux endroits où se trouvent les végétaux de la plate-bande et recouverte d’une couche de paillis organique, n’empêchera cependant pas la repousse de toutes les plantes indésirables. En pareil cas, il faut être vigilant et éliminer chaque herbe indésirable dès qu’elle se pointe le nez.

Comment prévenir l’apparition d’herbes indésirables dans une plate-bande?

L’application d’un paillis organique est une des meilleures façons de limiter, voire d’empêcher complètement, la croissance des herbes indésirables. Mais ce n’est pas le seul avantage des paillis . Ils permettent de maintenir une humidité constante dans le sol et, par conséquent, de réduire les arrosages . Ils protègent les racines contre les méfaits des cycles de gel et de dégel puisqu’ils diminuent les écarts de la température du sol entre le jour et la nuit. Ils empêchent aussi l’érosion de la terre par le vent et par la pluie. Et, finalement, comme les feuilles mortes, ils se décomposent lentement pour former un humus qui enrichit le sol.

Pour la majorité des plates-bandes, un paillis de 5 à 7, 5 cm d’épaisseur suffit habituellement. Il peut toucher la base des arbustes et le tronc des arbres sans problème, mais il est toutefois préférable de l’écarter de quelques centimètres du collet des vivaces et des annuelles de façon à ne pas nuire à leur croissance. Comme ils sont posés directement sur le sol, les paillis organiques se décomposent complètement en trois à quatre ans. Après cette période, il n’est toutefois pas toujours nécessaire de les remplacer, car les végétaux touchent alors leurs voisins, ce qui diminue l’ensoleillement au sol et limite la germination des herbes indésirables.

Une foule de matériaux inertes peuvent servir de paillis . Les plus utilisés sont les copeaux de bois et l’écorce (dans les jardineries) , mais on peut aussi utiliser des matières ramassées sur notre terrain : feuilles mortes déchiquetées, rognures de gazon, aiguilles de conifères et même de la paille.

À noter : seuls les paillis organiques (composés de matière végétale) possèdent toutes les qualités recherchées. Ce n’est pas le cas des cailloux décoratifs, dont l’utilisation doit être limitée. Certains paillis organiques, comme le paillis de cèdre, sont teints avec des substances naturelles non toxiques qui les rendent plus attrayants.

Doit-on installer une membrane géotextile sous un paillis ?

Il est préférable de poser les paillis à même le sol. Seules les pierres décoratives et les écorces très grossières, comme celles de pin, doivent toujours être placées sur une membrane géotextile. Les membranes géotextiles non tissées sont des toiles perméables à l’air et à l’eau spécialement conçues pour recouvrir le sol des plates-bandes et éviter la croissance des herbes indésirables. On les appelle communément couvre-parterres.

Toutefois, l’eau, l’air et les éléments nutritifs se rendent moins facilement jusqu’au sol lorsqu’ils doivent traverser une membrane semblable en plus d’une couche de copeaux ou de pierres. De plus, on aura du mal à ajouter du compost et des fertilisants au pied de nos plantes et à travailler la terre de notre plate-bande si une membrane géotextile la recouvre entièrement.

Comment prévenir l’apparition d’herbes indésirables dans la pelouse ?

Un gazon mal entretenu, au sol pauvre et dégradé, est rapidement envahi par les herbes indésirables. Le lierre terrestre (Glechoma hederacea) , le pissenlit (Taraxacum officinale) et le plantain (Plantago major) affectionnent les sols argileux, compacts et acides .

Pour prévenir l’apparition d’une grande partie de ces herbes indésirables dans notre pelouse, il est essentiel d’améliorer la structure du sol afin de le rendre moins compact. Pour cela, on doit aérer le gazon au printemps ou à l’automne aux deux ou trois ans. Pendant l’été, on tond notre pelouse à une hauteur de 6, 5 à 7, 5 cm. Un gazon haut diminue l’ensoleillement au sol, bloquant ainsi la germination de plusieurs herbes indésirables.

Lierre terrestre (Glechoma hederacea)

Existe-t-il des herbicides d’origine naturelle qui ont un faible impact sur l’environnement?

On a longtemps employé des herbicides utilisant l’ingrédient actif glyphosate à cause de leur efficacité et parce qu’on croyait qu’ils se dégradaient rapidement dans le sol. Il y a quelques années, une étude menée aux États-Unis par l’Environmental Protection Agency montrait que le glyphosate ne se décompose pas aussi rapidement qu’on le croyait : dans le sol des États du centre des États-Unis, il peut persister près d’un an avant d’être décomposé par les microorganismes. Comme la rapidité de cette dégradation dépend surtout de la température, on peut conclure que ces herbicides persistent plus d’un an dans les sols des régions nordiques comme le Québec.

Les herbicides de synthèse les moins toxiques font tout de même du tort aux écosystèmes naturels et à notre santé. Quant aux herbicides d’origine naturelle, on en trouve quelques-uns sur le marché canadien. Certains, à base d’acides gras ou à base de gluten de maïs, peuvent être utilisés de façon très localisée pour empêcher la germination du pissenlit et de la digitaire astringente dans les pelouses . Mais ces produits ne sont pas non plus sans impact sur l’environnement. La meilleure solution est encore d’être tolérant et d’enlever les herbes indésirables à la main.

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