Pelouse durable

Devons-nous bannir la pelouse ou tout simplement changer notre perception de la «pelouse parfaite»? Un dilemme auquel sont confrontés la plupart des propriétaires, jardiniers ou non.

Symbole de prestige et de réussite, une belle pelouse dense et bien verte a longtemps été la fierté des Québécois. Mais à quel prix? Fertilisations excessives, arrosages abusifs, tontes agressives et utilisation démesurée d’herbicides de synthèse, avec le temps, cette gestion de culture de la pelouse «impeccable» a eu un impact néfaste sur notre santé et l’environnement. Pollution de l’air, des cours d’eau, des sols, maladies neurologiques, allergies… tout pour inciter les amateurs de jardinage à supprimer le gazon de leur jardin. Mais est-ce la seule et unique solution? Devons-nous vraiment nous priver de ce tapis de verdure si doux sous nos pieds ? Bien sûr que non!

Les bienfaits de la pelouse

La pelouse joue un rôle important dans notre environnement. Outre son côté décoratif, elle contribue de façon significative à la purification de l’air en milieu urbain. Son feuillage capte et retient les poussières, les polluants et le pollen qui compromettent la qualité de l’oxygène que nous respirons. En été, elle collabore également à abaisser la température ambiante autour des bâtiments en rejetant une grande quantité d’eau dans l’atmosphère. Grâce à sa bonne capacité d’absorption, elle réduit le ruissellement et prévient l’érosion des sols. Sa douceur et son uniformité offrent aux enfants et aux sportifs des surfaces agréables, confortables et sécuritaires où s’ébattre, et aux familles une parcelle de nature où il fait bon se détendre et se divertir.

Son rôle en aménagement paysager

Au jardin, la pelouse s’impose tout naturellement. Elle aide à structurer l’espace, diriger le regard et délimiter les plates-bandes. Son homogénéité met en valeur les massifs de fleurs et d’arbustes, ainsi que les arbres plantés en isolé. Elle facilite l’intégration des éléments décoratifs, des structures et des revêtements de sols. Le tapis verdoyant qu’elle déploie et sa douce texture procurent des surfaces libres qui invitent à la relaxation et au jeu. De plus, dans les petits jardins, elle remplit un rôle primordial dans la création d’illusions de profondeur et de grandeur. C’est un complément indispensable (ou presque) à la réalisation d’aménagements paysagers.

Ses inconvénients

Malgré ses grandes qualités et ses multiples bienfaits, plusieurs d’entre vous rêvent de la voir disparaître de votre paysage. Vous êtes prêt à la remplacer par des plantes couvresol, du pavé, des pierres, du paillis, peu importe, pourvu que ce ne soit pas du gazon. La rumeur veut que, pour obtenir une pelouse qui soit belle, luxuriante et verte, le jardinier doit investir beaucoup de temps et d’argent. Or, de nos jours, ce sont des denrées plutôt rares, surtout le temps. Les tontes régulières, les arrosages fréquents pour éviter son jaunissement en période de sécheresse, l’épandage de produits d’entretien, le déchaumage, l’aération, le terreautage, etc., tous ces travaux uniquement pour avoir une pelouse parfaite ? Vivement les alternatives! Vue sous cet angle, vous avez de bonnes raisons de vouloir la remplacer à tout prix. Toutefois, sachez qu’il existe des programmes de gestion écologique de la pelouse qui ont été mis sur pied par des spécialistes soucieux de vos besoins et de l’environnement. Cette nouvelle vision du jardinage, adaptée aux réalités actuelles, permet de réduire considérablement les travaux d’entretien tout en assurant un superbe tapis de verdure tout au long de l’été. Alors, pourquoi renoncer à ses bienfaits et sa beauté?

Alternatives écologiques : faire le bon choix

Utilisés judicieusement, les plantes couvre-sol, le paillis, la pierre, le pavage et autres matériaux inertes peuvent remplacer adéquatement la pelouse dans un aménagement paysager et faciliter votre travail. Chacun de ces substituts joue un rôle précis au jardin. Par exemple, le paillis est tout indiqué pour couvrir les endroits difficiles d’accès, tandis que les arbustes rampants stabilisent bien les pentes prononcées. Dans les lieux peu passants, les couvre-sol vivaces savent embellir et combler l’espace. L’usage modéré des pierres et du pavage aide à la circulation et délimite les zones aménagées. Afin de réduire le phénomène de réchauffement causé par les pavés, songez à introduire du thym ou d’autres petites plantes rampantes entre les pierres. Pour de meilleurs résultats, optez pour des végétaux rustiques à croissance rapide et pour des matériaux d’origine naturelle.

Pour une intégration bien pensée au jardin

Il existe plusieurs façons de concevoir l’espace vert qui entoure votre résidence. Une utilisation judicieuse de la pelouse rehaussera la beauté de votre jardin sans pour autant en augmenter le temps d’entretien. Créez de grandes zones de verdure pour accentuer la dimension de l’espace et évitez les petites parcelles difficiles à tondre et à entretenir. Songez à remplacer la pelouse uniquement dans les emplacements problématiques. Conservez-la dans ceux réservés au jeu et à grande circulation, car elle résiste mieux au piétinement que la plupart des plantes couvre-sol ornementales. Préférez-la aux bordures de plastique pour souligner et délimiter vos plates-bandes.

La pelouse ? Non coupable!

Donnez-lui une dernière chance. Ne la repoussez pas sous prétexte qu’elle est trop exigeante. Après tout, elle est victime de cette mauvaise réputation. Les vraies responsables sont les techniques de jardinage autrefois utilisées pour la parfaire. Optez pour le changement en modifiant votre vision de la pelouse idéale et offrez-vous un jardin encore plus vert en appliquant un mode de gestion plus écologique et durable.

Des gestes écolos qui font toute la différence

Conscients des dangers relatifs à l’utilisation de produits de synthèse pour améliorer l’apparence de leur pelouse, de plus en plus d’amateurs de jardinage se tournent vers des pratiques d’entretien plus écologiques et durables. Cette nouvelle approche préconise l’importance de hausser notre seuil de tolérance quant à son apparence et de poser les bons gestes aux bons moments. Par exemple : – Lors de son implantation ou de sa réparation, choisissez des semences à gazon adaptées à l’emplacement et aux conditions d’ensoleillement.

– Optez pour un mélange à faible entretien qui produit une pelouse plus durable. Composé de trois ou quatre espèces d’herbes à gazon rustiques, il favorise la biodiversité. Une pelouse constituée de plusieurs espèces de plantes résiste mieux aux ravageurs et à la sécheresse et demande beaucoup moins de soins.

– Désherbez-la manuellement et ne laissez pas de parcelles de sol libres, propices à l’établissement de plantes indésirables. Pour aider au désherbage, arrosez-la 24 heures avant les travaux. Les racines de mauvaises herbes seront plus faciles à extraire.

– Ajustez votre tondeuse au maximum de sa hauteur (6 à 8 cm) . Vous favoriserez la croissance en profondeur du système racinaire, réduirez ainsi ses besoins en eau et augmenterez sa résistance à la sécheresse.

– pratiquez l’herbicyclage, en laissant les rognures de gazon déchiquetées sur place afin d’enrichir le sol, de réduire les pertes en eau et de contrôler naturellement la germination des plantes adventives.

– N’arrosez jamais au printemps. Laissez les racines puiser leur eau en profondeur. Arrosez peu souvent mais généreusement, surtout en période de sécheresse.

– Déchaumez, aérez et terreautez tous les trois ans seulement.

Pour en savoir plus

• La Fédération Interdisciplinaire de l’Horticulture Ornementale du Québec met à votre disposition un Guide d’implantation et d’entretien d’une pelouse durable.

Consultez le site www.pelousedurable.com . Fraîchement rénové, il offre deux nouvelles sections : fertilisation et herbicyclage. On y trouve les dernières recommandations quant à l’application d’engrais sans phosphore ou à faible teneur en phosphore sur des pelouses établies. Il inclut également un calculateur de fertilisant, qui limite son utilisation aux quantités requises seulement.