Un chevreuil dans le jardin

Un chevreuil dans le jardin peut faire beaucoup de ravages. Ceux qui résident dans le voisinage de ce gracieux cervidé l’apprennent souvent à leurs dépens.

Au matin, les ravages faits dans la haie de thuyas et le potager témoignent de son passage. La cohabitation paisible du jardinier et du chevreuil est-elle possible? Oui, mais encore faut-il savoir à qui on a affaire, explique Michel Huot, biologiste et responsable de la grande faune au ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec.

Le cerf est un animal des milieux agro-forestiers. Il a besoin de la forêt, mais se permet des incursions près des habitations humaines pour se nourrir. Il affectionne tout particulièrement les bourgeons et fruits des arbres fruitiers et broute le thuya avec plaisir : une belle «haie de cèdres» est une aubaine à laquelle il ne résiste pas longtemps. Il adore les hostas et les hémérocalles et succombe aux légumes gorgés de sucre du potager.

C’est au début du printemps et à la fin du mois d’août qu’on le voit surgir dans nos jardins. Affamé après s’être nourri de branches tout l’hiver, il est attiré par les plantes printanières qui apparaissent d’abord dans les milieux ouverts. À la fin de l’été, c’est l’aoûtement – phénomène par lequel les nouvelles pousses des arbres et arbustes se lignifient et perdent la tendreté appréciée des cerfs – qui l’incite à rechercher des végétaux plus appétissants, abondants dans les jardins cultivés.

Mieux vaut prévenir

Dans le jardin

Choisir les emplacements les plus éloignés de la forêt pour établir les plantations.

Regrouper les plantes susceptibles d’être broutées près de la maison et des lieux fréquentés. Un espace éclairé la nuit ou voisinant la niche du chien sera moins attrayant pour le cerf qui cherche la tranquillité. «L’idée, précise Michel Huot, c’est d’éviter qu’il goûte à vos plates-bandes. Car une fois qu’il a découvert une plante qu’il apprécie, il lui est très difficile d’y résister.» Planter dans un espace dégagé. «Le cerf se sent en sécurité s’il a un couvert latéral, ajoute le biologiste. Il sera moins tenté de s’aventurer dans un espace ouvert à la vue d’un éventuel prédateur.» Planter des végétaux dont il n’est pas friand. Bien qu’en période de disette, à la fin de l’hiver par exemple, le cerf mange à peu près tout ce qui lui passe sous le museau. On s’épargnera beaucoup de travail et de frustrations si on choisit des plantes qu’il est peu susceptible de brouter ou qui résistent bien aux visites répétées. Généralement, il ne s’attaque pas aux graminées ou aux fougères. Si possible, on opte pour une haie de genévriers plutôt que celles plus traditionnelles de thuyas. Parmi les résineux, l’épinette est l’une des espèces les moins affectées par sa présence. Chez les feuillus, le bouleau blanc et les hêtres sont des choix sûrs. Quant aux différentes essences d’érable, si elles sont au menu du cerf, elles résistent assez bien au broutage.

Autour du jardin

Éviter de «faire le ménage» dans la forêt. Si on est propriétaire d’un boisé ou d’un espace forestier à proximité du jardin, il faut résister à la tentation de «nettoyer». Le cerf se nourrit dans la strate arbustive, soit la végétation accessible jusqu’à 1, 5 mètre du sol. Nettoyer le sous-bois crée une pénurie de nourriture en milieu naturel pour l’animal, qui se risquera davantage vers les habitations afin de combler ce manque.

Favoriser la chasse dans les environs, lorsque c’est possible. On est d’abord charmé, voire flatté, par la première visite du cerf dans le jardin. Pendant qu’on s’émerveille et qu’on réalise quelques clichés sans penser aux ravages qu’il peut faire, l’animal apprend à reconnaître cet endroit hospitalier et riche en nourriture. Il reviendra, c’est certain. Mais dès qu’il en prend l’habitude, il devient difficile de se débarrasser de lui. Il n’existe pas d’assurance tout risque contre les cerfs, pas plus que contre n’importe quel animal sauvage. Pour maximiser nos chances de réussite, combiner plusieurs méthodes préventives et répulsives s’avère nécessaire.

Privilégier les plantes de grand format. Le cerf étant incapable d’atteindre la végétation au-delà de 1, 5 mètre du sol, les végétaux de grande taille constituent d’excellents choix.

Élaguer sous deux mètres. En supprimant les branches basses des arbres dont il raffole, le jardin devient moins invitant.

Ne jamais nourrir les cerfs. Ils apprennent vite où trouver à manger. Ils reviendront, en profitant au passage pour brouter dans votre jardin ou celui du voisin. «Il faut aussi faire attention au nourrissage des oiseaux. Dans un secteur où les cerfs sont très présents, il arrive de les voir se servir à même les mangeoires, où les graines de tournesol les attirent», souligne M. Huot.

Ramasser les fruits tombés. Les pommes laissées au sol sont un véritable aimant à cerfs.

Protéger les jeunes arbres . Un cylindre de grillage métallique installé autour du tronc, pour sauvegarder les jeunes spécimens et en particulier la pousse terminale, permettra à l’arbre de croître à l’abri jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour ne plus souffrir du broutage.

Clôturer la cour ou les espaces où les végétaux sont plus vulnérables, comme le potager. Si le cerf n’a pas encore goûté aux fruits défendus de votre jardin, une clôture standard de 1, 8 mètre (6 pieds) le gardera sans doute à distance. Mais attention : pour vraiment vous assurer qu’un animal déjà habitué à fréquenter votre cour ne saute la clôture, elle doit être solide, bien ancrée au sol et mesurer au moins 2, 4 mètres de hauteur!

Éloigner la bête

Faire du bruit. «La technique du chaudron et de la cuillère, ça fonctionne, souligne Michel Huot. En le chassant sous ses yeux, on peut aussi apprendre au chien que le cerf est un intrus.» Les effaroucheurs visuels comme l’épouvantail ou des objets suspendus agités par le vent, comme des assiettes d’aluminium, des fanions ou des rubans colorés, sont des techniques éprouvées. «Mais leur effet est limité dans le temps. Au bout de deux semaines, le cerf aura compris que la silhouette immobile est inoffensive et il reviendra si d’autres moyens dissuasifs ne sont pas utilisés.» Les répulsifs sonores. Le pistolet chargé à blanc, la corne de brume et le canon détonateur sont des moyens très efficaces, surtout employés en milieu agricole et forestier. Mais la réglementation municipale limite leur emploi en milieu urbain.

Le jet d’eau. Commander à distance l’arroseur automatique dès que le cerf s’approche des végétaux à protéger repousse l’animal durant un certain temps.

Les répulsifs chimiques. On trouve dans le commerce toute une gamme de répulsifs chimiques dont l’odeur déplaît au cerf. «Certains de ces produits sont très efficaces, mais il faut répéter l’application après chaque pluie», avertit Michel Huot. Une équipe du ministère des Ressources naturelles et de la Faune en a testé plusieurs, dont voici les principaux retenus : Deer-Away Big Game, Plant Skidd, et le thirame (vendu sous différents noms et utilisé comme fongicide) . Cependant, il importe de bien lire les recommandations du fabricant avant d’en faire usage sur les plantes comestibles.

Cohabiter avec le cervidé

Enfin, il est toujours préférable d’agir avant l’apparition des problèmes. «La clé, c’est la prévention. Choisir de vivre en milieu rural, c’est aussi tenir compte des animaux sauvages. Aménagez votre terrain pour éviter les conflits, insiste Michel Huot. Ça vous épargnera bien des frustrations et dépenses inutiles.» Aucune des techniques mentionnées ici n’est totalement et durablement efficace. Il faut les combiner et user de patience et de persévérance. «N’engagez pas de lutte sans merci contre le cerf, rappelle avec sagesse le biologiste, car vous êtes assuré de perdre. Le cerf est toujours à l’affût. Même en employant les meilleures techniques de protection, il en profitera dès que vous baisserez la garde. Il vaut mieux apprendre à cohabiter avec lui.»

Mythes et trucs de grand-mère qui ne passent pas le test du terrain

  • Les cheveux humains
  • Les poils de chien ou de chat
  • Le pain de savon (à moins d’en utiliser un très odorant dont le parfum ne s’apparente pas à celui des fleurs ou des fruits)
  • Les infusions de tabac
  • La créosote
  • Le poivre de Cayenne

espèces végétales résistantes*

Vivaces

Achillée (Achillea) Ancolie (Aquilegia) Astilbe (Astilbe) campanule (Campanula) Clématite (Clematis) Dicentre (Dicentra) Géranium (Geranium) Iris (Iris) Marguerite (Leucanthemum) Monarde (Monarda) Sedum (Sedum) Rudbeckie (Rudbeckia)

arbres et arbustes

Bouleau à papier (Betula papyrifera) Amélanchier (Amelanchier) Épinette (Picea) Hêtre (Fagus) Genévrier (Juniperus) Rosier (Rosa) Sapin baumier (Abies balsamea) Spirée (Spiræa)

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