Un lis national à  régionaliser

Même si une plante est considérée indigène au Québec, il n’est pas dit qu’elle s’installera facilement dans votre jardin. À ce titre, le lis du Canada (Lilium canadense) en est un bel exemple.

Ce lis pousse en belles colonies dans la région de Québec et à l’ouest de celle-ci, mais il est plutôt rare dans l’est. Selon La flore laurentienne de Marie-Victorin, il croit dans la vallée de la Matapédia. Au cours de mes nombreuses randonnées le long de la rivière Restigouche et de ses tributaires, je n’ai vu ce lis qu’une seule fois. Ce fut toutefois un moment magique.

Un des aspects de mon travail est de perpétuer l’oeuvre d’Elsie Reford, qui affectionnait particulièrement les lis et en possédait une belle collection. Dans ses écrits, elle mentionne que sa plus grande déception est de n’avoir pu faire pousser le lis du Canada dans ses jardins. Alors, dans mon esprit, c’est un mandat et aussi un beau défi à relever.

Le lis du Canada se rencontre surtout le long des cours d’eau, dans les marais et les prés humides, au soleil ou à la mi-ombre. Les premiers spécimens introduits dans les jardins ont été plantés dans un site qui, selon mes observations, pouvait répondre à ces critères. Malheureusement, les lis ne l’ont pas adopté. Et, pendant au moins quatre années, des lis ont été essayés à divers endroits dans les jardins, sans succès, jusqu’au jour où ils ont été introduits à travers une nouvelle plantation d’azalées. Victoire! Les lis s’y sont installés et multipliés. Ils ont fleuri abondamment les deux premières années mais, cette saison, je constate qu’ils sont en déclin.

Il faut comprendre que le lis du Canada ne se comporte pas du tout comme les autres lis. Son bulbe est annuel et non vivace . À la fin de la saison, le bulbe qui a fleuri meurt et ce sont des petites bulbilles formées au bout de tiges souterraines qui lui succèdent. D’une année à l’autre, les lis se déplacent et demandent ainsi plus d’espace que leurs confrères asiatiques ou orientaux dont les bulbes demeurent au même endroit. Comme les bulbes et rhizomes sont peu profonds, la vigilance est de mise lorsqu’on travaille autour des plants.

Plusieurs d’entre vous ont abandonné la culture du lis à cause du criocère et, malheureusement, le lis du Canada n’est pas exempt de leur cible. Fait à noter, les criocères n’existaient pas dans la région jusqu’au début des années 2000. Nous avons réussi à les contrôler jusqu’à présent. principalement par la récolte manuelle dès l’apparition des premiers adultes au printemps, mais pour combien de temps ? Pour plus d’information sur le lis du Canada, consultez www.horticulture-indigo.com